Parce qu'une des missions de l'auditeur énergétique est d'orienter le particulier vers un projet rentable, il nous a paru indispensable chez Casam Pro de réaliser des prévisions quant à l'augmentation du prix de l'électricité. Les choix gouvernementaux pris en 2022 sur le développement du nucléaire nous donne en effet des indices pour établir quel sera l'évolution du prix de l'électricité en 2030, 2040 et 2050:
Nous expliquerons ici pourquoi nous anticipons une hausse du prix de l'électricité à plus de 0,30€ le kWh en 2050, contre 0,17€ en 2022.
Si la hausse effrayante connue en 2022 (qui avait forcé l'Etat a bloqué les prix) concernait un problème conjoncturel, cet article s'intéresse plutôt à facteurs structurels impactant durablement les composantes du prix de l'électricité.
La France est aujourd'hui un des pays européens où l'électricité est la moins chère, en grande partie grâce au nucléaire qui offre une énergie abondante et peu carbonnée. Cependant face à l'enjeu de neutralité carbone le maintien de notre mode de vie nous oblige à remplacer nos équipements à énergies fossiles par des équipements électriques :
Alors que la consommation d’électricité en France est de 468 TWh, stable depuis le début des années 2000.
La fin d'une époque, puisque selon RTE (Réseau de Transport d'Électricité), si la consommation totale d'énergie devrait au globale diminuer de 40% d'ici 2050, celle d'électricité devrait quant à elle augmenter de 60%.
Comme le montre ce graphique, la consommation d'électricité devrait ainsi représenter 55% de nos consommations d'énergie, contre seulement 25% aujourd'hui.
Source : rapport RTE Futurs énegergétiques 2050
Dans ce scénario, il est considéré que la consommation totale d’énergie est réduite au niveau de celui observé dans les années 60 (46 millions d'habitants contre 67 aujourd'hui), grâce par exemple à un plan de rénovation des logements. Dans l'hypothèse où nos objectifs ne seraient pas atteints, la hausse de demande en électricité serait donc même supérieure à +60%.
Comme sur tout marché, la hausse de la demande devrait donc s’accompagner d’une hausse des prix de l'électricité, dans un contexte de difficultés à développer de nouvelles capacités de production d’énergie: vieillissement des centrales nucléaires, difficulté à mettre en service de nouveaux réacteurs, contestation des éoliennes…
Avant de développer ce sujet de politique énergétique, intéressons-nous d'abord à la composition du prix de l'électricité.
Si l'on devait résumer le prix de l'électricité, celui-ci se répartit en trois grands postes:
Ainsi les taxes, qui représentent environ un tiers du prix de l'électricité amplifient la hausse des coûts d'acheminement et de production.
Le coût de l’électricité est composée de quatre taxes :
Ce phénomène doit vous encourager à opter pour un système de production d'énergie solaire, qui nous l'expliquons dans cet article, va permettre de diminuer votre dépendance au prix croissant de l'électricité.
Quel que soit le scénario, l’ADEME et RTE sont tous deux d’accord sur une augmentation du prix à court terme de l’électricité
Ce dernier chiffre est plus vraissemblable, le rapport RTE ayant servi de base à la définition de la politique énergétique du gouvernement en 2022 en faveur du développement du nucléaire. Le rapport de l'ADEME émettait l'hypothèse d'une politique 100% énergie renouvelable entraînant seulement une hausse temporaire, le temps d'atteindre un certain niveau d'économie d'échelles.
La stratégie choisie combinera plutôt énergie renouvelable, investissements pour la prolongation des centrales nucléaires existantes (grand carénage) et investissements massifs dans de nouveaux réacteurs. Ce triple investissement, semble-t-il incontournable, devrait donc peser sur le coût de production de l'électricité dans les années à venir. Bien que l'histoire montre que le nucléaire devrait permettre de maintenir à long terme un prix de l'électricité plus bas que les voisins européens recourant aux énergies renouvelables, cela prendra du temps.
La conclusion est une hausse exceptionnelle de +15% hors inflation dans les années à venir, puis une hausse corrélée à l'inflation.
Quel que soit le scénario, une des problématiques est le dimensionnement du réseau électrique. En effet, acheminer 185 TWh (645-468) suppélementaire par an sur un réseau déjà vieillissant, n'est pas envisageable. Cela se traduira donc par des investissements pour :
Dans un contexte de transition de modèle énergétique, avec des pénuries d'énergie qui nécessiteront de recourir au marché européen avec une production d'électricité fossile plus coûteuse, c'est bien d'ici 2030 que le prix de l'électricité devrait augmenter le plus rapidement avec un minimum de 22cts/kWh attendu.
Le contexte inflationniste suite au déclenchement de la guerre en Ukraine devrait nous mener au delà.
A cet horizon le principal danger est que la production d'électricité ne suive pas le rythme de remplacement massif des équipements à énergie fossile (voiture, chaudière) imposé par les différentes lois (il est plus facile de faire remplacer des équipements privés que de construire des centrales ou d'installer des éoliennes).
La décorélation entre offre et demande pourrait donc là encore mener à des importations d'énergie coûteuse, avec un risque d'augmentation du prix de l'électricité supérieur à 30 centimes le kWH. Le rôle de l'Etat Français qui envisage de nationaliser EDF sera éventuellement une solution pour contenir ces hausses.
En conclusion, bien qu'il soit impossible de prédire quel sera le prix de l'électricité d'ici 2050, nous avons démontré que tous les signes plaident pour une hausse du prix de l'électricité au-delà de l'inflation. Nos estimations indiquent un prix de 0,30€/kWh en 2050, quand l'Allemagne est déjà à ce niveau. L'harmonisation des prix au niveau européen et le contexte inflationniste actuel nous poussent à voir cette hypothèse de 30cts le killowattheure en France comme une hypothèse optimiste, malheureusement.